Des prosternations particulières


1. La prosternation de la lecture du Coran: (Sajdatu t-tilâwa)


 A la lecture ou à l’écoute de certains versets du Coran, le croyant dit “Allâhu Akbar” et se prosterne une seule fois et ensuite il redit “Allâhu Akbar” en relevant la tête. C’est ce qui est appelé “sujûdu t-tilâwa”. Il n’y ni tashahhud ni salut final.
 Ceci est confirmé par Ibn ‘Umar qui a dit: “Le Prophète r nous lisait le Coran. Lorsqu’il parvenait au verset de la prosternation, il disait “Allâhu Akbar” et il se prosternait. alors nous nous posternions à notre tour”.
a. Son mérite et sa règle:
Le mérite de cette prosternation est signalé par le Prophète r: “Lorsque le fils d’Adam lit le verset de la prosternation et se prosterne, Satan s’isole en pleurant et dit: “Ô malheur ! Dieu a ordonné la prosternation et Son serviteur s’est prosterné. Quant à moi, il m’a été commandé de me prosterner et j’ai désobéi. C’est l’Enfer qui m’attend”.
 Le Prophète r précisa: “Ô vous les gens ! Nous n’ordonnons pas la prosternation. Celui qui se prosterne aura bien fait. Quant à celui qui ne se prosterne pas, il ne commet aucun péché”. Dans une autre version, il a dit: “Dieu nous commande la prosternation dans la mesure où nous voulons la faire”.
 Il est exigé pour cette prosternation les mêmes conditions que pour les prières obligatoires et surérogatoires, c’est-à-dire que l’orant doit être pur de toute souillure et en état de totale purification. De plus, il doit s’orienter du côté de la qibla.
 Si au cours de la prière légale, faite à haute ou à basse voix, ou volontaire, l’imâm ou l’orant priant individuellement, lit un des versets de la prosternation, il lui est permis de se prosterner après sa récitation
 Par contre, l’imâm Mâlik a dit qu’il est détestable (makrûh) d’opérer cette prosternation au cours des prières habituelles.
 Quant à Abû Hanifa, il y voit l’utilité lors des prières faites à hautes voix mais considère que cette pratique est détestable durant les prières prononcées à voix basse.
b. Les versets renfermant l’idée de prosternation:
Le Coran comporte quinze passages où la notion de prosternation est citée: les voici dans l’ordre:
«Ceux qui sont auprès de ton Seigneur, point d’orgueil qui les détourne de L’adorer, de proclamer Sa transcendance, de se prosterner devant Lui». (Coran, 7/206)
«Vers Dieu se prosternent tous ceux qui sont aux cieux et sur la terre; bon gré, mal gré : ainsi fait leur ombre au matin et au crépuscule.» (Coran, 13/15)
«Vers Dieu se prosterne tout ce qui est aux cieux et sur la terre; de l’animal aux anges, tous abdiquent l’orgueil.» (Coran, 16/49)
«Dis: “Croyez ou n’y croyez pas ! Ceux qui avant lui ont été dotés de scienxe, quand on psalmodie le Coran devant eux, tombent sur la face, prosternés».(Coran, 17/107)
«Tels furent les gratifiés de Dieu parmi les prophètes de la postérité d’Adam, et parmi eux ceux que Nous transportâmes avec Noé, et de la postérité d’Abraham et d’Israël, et parmi ceux que Nous avons élus et guidés. Dès qu’on leur récitait des signes du Tout miséricordieux, ils tombaient prosternés, en pleurs.» (Coran, 19/58)
« Dieu: ne vois-tu pas que vers Lui se prosternent les hôtes des cieux, les hôtes de la terre, le soleil et la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux, beaucoup parmi les hommes, tandis que pour beaucoup d’autres le châtiment s’impose ? - Celui que Dieu humilie, nul ne peut l’honorer. Dieu opère ce qu’Il veut. » (S. 22/18)
« Croyants, prosternez-vous, adorez votre Seigneur, faites le bien, dans l’espoir de triompher » (Coran, 22/77)
« Quand on leur dit: “Prosternez-vous devant le Tout Miséricordieux”, ils disent: “Qu’est-ce que le Tout Miséricorde ? Nous prosterner devant qui tu nous ordonnes!” Et cela les grandit en révolte;» (Coran, 25/60)
« Quoi ! ne pas se prosterner devant Dieu qui met au jour ce qu’il y a de plus caché aux cieux et sur la terre, et connaît ce que vous celez comme ce que vous publiez ! » (Coran, 27/25)
« Ne croient à Nos versets que ceux qui, s’ils les entendent rappeler, tombent prosternés, exaltent par la louange la transcendance de leur Seigneur, se dépouillent de tout orgueil ». (Coran, 32/15)
« David pensa que Nous n’avions fait que le tenter. Il demanda pardon à son Seigneur et, repenti, tomba posterné. » (Coran, 38/24)
« Parmi Ses signes, il y a la nuit et le jour, le soleil et la lune. Ne vous prosternez pas devant le soleil, non plus devant la lune. Ne vous prosternez que devant Celui qui les créa, si c’est bien Lui que vous adorez ». (Coran, 41/37)
«Ah ! Prosternez-vous devant Dieu ! Adorez ! » (Coran, 53/62)
«Mais qu’ont-ils à ne pas croire et à ne point se prosterner, quand on leur récite le Coran ?» (Coran, 84/20 et 21)
«Non ! ne le suis pas, mais prosterne-toi et de Dieu rapproche-toi !» (Coran, 96/19)

2. La prosternation de remerciement (sajtadu sh-shukr)


La plupart des ‘ulama disent qu’il est recommandable de pratiquer une prosternation de remerciement après avoir été comblé par un bienfait et à la suite de la dissipation d’un état de mécontentement ou d’angoisse dans lequel on se trouvait.
 Ceci est attesté par Abû Bakra qui a dit que le Prophète r effectuait une prosternation pour remercier Dieu, si quelque chose le satisfaisait ou qu’une bonne nouvelle lui était annoncée.
 ‘Abd ar-Rahmân Ibn ‘Awf raconta qu’il vit le Prophète r se diriger vers un palmier et se prosternera longuement. Lui ayant demandé le motif de cette prosternation, il lui répondit:
 “Gabriel vient de m’annoncer une bonne nouvelle en me disant que Dieu l’informait que celui qui fait une prière sur le Prophète r, Il fera une prière pour lui. Et si celui-ci le salut, Il le saluera à Son tour. C’est la raison pour laquelle je me suis prosterné en signe de remerciement à l’égard de Dieu”.

3. La prosternation de l’omission (sajtadu s-sahwi)


 La prosternation de l’omission comporte deux rak‘a que l’orant accomplit après le salut final selon les hanafites, avant selon les shâfi‘ites, avant ou après selon les mâlikites. Le Prophète r en a expliqué la raison: “Si l’un de vous, au cours de la prière, doute du nombre de rak‘a accomplies, trois ou quatre, qu’il complète alors ce dont il est certain d’avoir oublié et ensuite effectue deux prosternations avant ou après le salut final”.
Selon ash-Shawkâni, les causes déterminants la prosternation n’impliquent pas nécessairement de se prosterner avant ou après, selon l’opinion des hanbalites.
 N’étant pas soumis à une règle impérative, l’orant a le choix: il peut se conformer à l’une des deux alternatives qu’il ait diminué ou ajouté un des éléments composant l’ensemble de la prière. D’après Ibn Mas‘ûd, le Prophète r a dit: “Si l’homme ajoute ou diminue, qu’il effectue deux prosternations”.
 1 - Les états où cette prosternation intervient:
 a. Si l’orant venait à formuler le salut final avant même d’avoir terminé complètement sa prière
 b. Si, par exemple, lors de la prière du dhuhr, il effectue cinq rak‘a au lieu des quatre prévus: D’après Ibn Mas‘ûd, cela est arrivé au Prophète r. Son attention ayant été attirée sur ce rajout, il fit alors deux prosternations après le salut final. Ce fait indique que les deux prosternations se réalisent lorsque l’orant, au lieu de s’assoir à la quatrième rak‘a et énonce le salut final, se lève et fait d’une cinquième rak‘a.
 c. Lorsqu’il oublie le tashahhud ou l’une des sunna de la prière. Ainsi, le Prophète r, après deux rak‘a, se leva pour entamer la troisième sans avoir fait le tashahhud. L’assistance, par un murmure significatif, le lui signala. L’Envoyé de Dieu poursuivit sa prière mais après avoir terminé la prière, il effectua deux prosternations avant le salut final.
 A partir de ce fait, on comprend que celui qui oublie de s’assoir pour formuler le premier tashahhud et s’en souvienne ensuite avant de se redresser complètement, il doit s’assoir et réparer son omission. Toutefois, s’il se lève complètement, il attendra la fin de la prière pour effectuer les deux prosternations.
 Ceci est confirmé par Ahmad, Abû Dâwud et Ibn Mâja qui rapportent ce hadîth: “Celui d’entre vous qui se lève après les deux rak‘â sans se redresser complètement, qu’il s’assoit mais s’il s’est redressé totalement, il n’a pas à s’assoir; il attend la fin pour s’acquitter des deux prosternations de l’omission”.
 d. La prosternation en cas de doute: ‘Abd ar-Rahmân Ibn ‘Awf rapporte cette parole de l’Envoyé de Dieu: “Si l’un de vous doute dans sa prière : Il ne sait pas s’il a effectué une ou deux rak‘a, qu’il se figure n’avoir omis qu’une seule. S’il ignore s’il a accompli deux ou trois, qu’il s’imagine avoir omis deux. S’il ne se souvient pas d’avoir fait trois ou quatre, qu’il considère avoir oublié trois. Ensuite, il se prosterne deux fois à la fin de la prière, tout en restant assis et avant le salut final”.
 Il en résulte qu’en cas de doute quant au nombre d’unités  réalisées, l’orant établit le nombre le moins grand et après il effectue la prosternation de l’omission.


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