Tarawih


Les tarawih (arabeتراويح) sont les prières quotidiennes du soir, exécutées après celle de la Isha, pendant le mois de jeûne du Ramadan. Ces prières sont effectuées par paires de rakaa (ركعة, séquence rituelle de la prière), avec en tout entre 8 et 36 rakaa selon les traditions. Les sunnites croient qu'il est de la tradition d'essayer d'accomplir un khatm (récitation complète) du Coran en récitant au moins une partie du Coran (Juz, de l'arabe : جزء qui en comporte 30) par tarawih. Si le croyant ne peut réciter le Coran en entier durant la prière, il peut se limiter à ce qu'il sait, ou à ce qui est dans ses possibilités.

Origines 

Selon l'avis prépondérant du sunnisme, ces prières en groupe des nuits de Ramadan sont recommandées et très méritoires (mu'akkada), et ce rite fait partie de la tradition de Mahomet.

Elles furent établies par Mahomet qui ne les dirigea qu'occasionnellement de peur que cela devienne obligatoire pour les fidèles. Après sa mort, son successeur, Abu Bakr, n'a pas continué de les pratiquer durant ses 2 années de califat. C'est le second calife de l'islam, Omar ibn al-Khattab, qui la réinstaura, exactement comme elle était originellement accomplie au temps de Mahomet (car l'ordre musulman était retrouvé).

Preuves 

Le grand historien Tabari écrit ainsi dans son livre "la chronique" Tome 2 pages 569 & 570.:
« Et c’est lui (Omar) le premier à avoir rassemblé les gens (musulmans) sous la direction d’un seul imam pour accomplir la prière dite de tarawih durant le mois du ramadan. Il adressa des lettres à toutes les villes des possessions musulmanes pour leur ordonner d’agir ainsi…»

L'imam Boukhari rapporte également dans son sahih que ce fut Omar ibn al khatab qui instaura cette pratique :
Abderrahman ben ‘Abdelqâri a dit : « Une nuit, pendant le Ramadân, j’allais avec ‘Omar ibn El Khattab à la mosquée. Les fidèles étaient en groupes dispersés. Ici un homme faisait sa prière pour son propre compte, ailleurs un homme dirigeait la prière de son groupe. ‘Omar dit alors : « Il me semble que si je réunissais tous ces gens là sous la direction d’un seul lecteur cela serait plus convenable. » Alors, mettant son dessein à exécution, il les rassembla sous la direction de Obay ben Ka’b » Une autre nuit, je sortis également avec ‘Omar. Les fidèles priaient sous la direction de leur lecteur. « Quelle excellente innovation, s’écria ‘Omar. Ceux qui dorment sans faire cette prière font mieux que ceux qui se lèvent pour la faire. » Il voulait dire : à la fin de la nuit. Et les fidèles firent cette prière au début de la nuit».

Avis contraires 

  • Une minorité la considère comme étant déconseillée : elle s'appuie sur de nombreux récits rapportés entre autres par l'imam Boukhari.
    Voici ce qu'il rapporte dans son sahih :

    D’après Zaïd ben Tsâbit : « Pendant le ramadan, le Prophète se fit une cellule – je crois bien, dit Bosr, rapportant ce hadith, que Zaïd ajouta : « avec une natte » - Il y fit la prière pendant quelques nuits. Un certain nombre des compagnons du Prophète ayant suivi sa prière, celui-ci, dès qu’il s’en aperçut, resta assis (et cessa de se montrer). Puis il alla vers ses compagnons et leur dit : « Je connaissais bien les sentiments que votre conduite m’a manifesté. Dorénavant, ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique. »
    Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 1» El Bokhâri; Titre X : «De l’appel à la prière» ; Chapitre LXXXI : «De la prière pendant la nuit»; hadith n°2; (page 245).

    Zaïd ben Tsâbit a dit : « L’Envoyé de Dieu avait installé, pour s’isoler, une sorte de pièce entourée de nattes. Il s’y rendit pour faire la prière ; quelques fidèles l’y suivirent et vinrent prier avec lui. La nuit venue, ces fidèles revinrent à la même place ; mais l’Envoyé de Dieu, après s’être fait attendre, ne venant pas, les fidèles élevèrent la voix et frappèrent à sa porte avec un caillou. L’Envoyé de Dieu sortit aussitôt en colère et leur dit : « Vous ne cesserez donc pas d’agir comme vous l’avez fait en sorte que je crains que votre faute soit inscrite à votre encontre ? Vous devez faire la prière chez vous, car la meilleure prière pour le fidèle est celle qu’il fait chez lui ; il faut en excepter la prière canonique».
    Extrait de « Les Traditions Islamiques -Tome 4» El Bokhâri Titre LXXVIII: «De l’éducation» ; Chapitre LXXV : «De la colère et de la sévérité qui sont permises quand il s’agit des ordres de Dieu»; hadith n°5; (page 178).


    Nous apprenons également en lisant la biographie de l'Imam Boukhari ce qui suit :
    « Pendant le mois du ramadan, les amis d'Al Boukhari se réunissaient chezlui.Il les guidait dans la prière en lisant vingt versets à chaque génuflexions jusqu'à lire tout le coran. Dans la nuit, il lisait la moitié ou le tiers du texte sacré en le clôturant toutes les trois nuits . Il le clôturait également une fois par jour, au moment de la rupture.Et il disait, après avoir lu le coran en entier : une invocation exaucée. »
    page 52 de la biographie de l Imam Al Boukhari par Takiyy al dine Al Nadawi Al mazahini

    L'Imam Boukhari ne faisait donc pas les prières de tarawihs à la mosquée,il se réunissait chez lui avec des amis pour lire et prier conformément à l'ordre du prophète qu'il rapporta lui même dans son sahih :
    « Dorénavant, ô fidèles, priez dans vos demeures, car la meilleure prière pour un homme est celle qu’il fait chez lui, à moins qu’il ne s’agisse de la prière canonique. »

    Muslim rapporte notamment que Aicha, la femme du Prophète a rapporté « Une certaine nuit, l'Envoyé de Dieu fit une prière à la mosquée et les Musulmans firent la même prière. La nuit suivante, il fit de nouveau cette même prière et ils l'imitèrent. A la troisième et quatrième nuit, les fidèles se rassemblèrent (pour faire cette prière) mais l'Envoyé de Dieu ne se rendit pas à la mosquée. Le matin de la quatrième nuit, il leur dit  : "J'ai vu ce que vous avez fait. Ce qui m'a empêché de vous rejoindre, c'est que j'ai craint que cette prière ne devienne une obligation pour vous". » (Moslim).

Les chiites réfutent cette pratique, la considérant de fait comme une innovation religieuse instituée par Omar ben al-Khattab.

La majorité sunnite répond à ses oppositions qu'étant donné que le prophète n'était plus présent, ces prières ne pouvaient devenir obligation et donc que le calife a bien fait de ré-instituer cette pratique, la révélation ne pouvant plus avoir lieu, elle ne pouvait plus devenir obligatoire. La présence de nombreux compagnons de Mahomet à cette époque n'ayant pas opposés la moindre opposition à cette réinstauration, les sunnites ne peuvent donc imaginer qu'une telle innovation se soit imposée pendant tant de siècles au sein de la communauté (ummah).

Nombre de raakah 

La sunna est de prier 20 raka'a (accompagnées des 3 rakaa courtes de clôtures appelées Witr). C'est ce qui fut instauré par Omar (et validés par tous les compagnons alors présents, donc impossible de qualifier ces 20 unités d'innovation), ceux que les générations qui suivirent firent, et ce qui se fait aujourd'hui majoritairement y compris dans les lieux sacrés de l'Islam (La Mecque et Médine). Certains prient aussi 8 rakaa suivant une interprétation autres de hadith. Omar Ibn Abdelâziz l'un des Califes de la période Omeyyades priait 36 raka'a.

C'est durant ces prières que l'imam récitera le Coran entièrement à raison de 1 Juz(un trentième du coran) par nuit pour terminer la lecture entière du Coran à la fin du mois, acte très méritoire (mustahhab) en ce mois sacré, bien qu'il n'y ait pas obligation de faire ainsi.


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