Tout discours repose sur des fondements et des caractéristiques. Le discours ne peut revêtir un caractère sérieux et ne peut avoir de visée que s’il est doté de ces fondements et de ces caractéristiques. Or, tout discours exprime l’identité et traduit la pensée de son émetteur. Par suite, le discours islamique est un discours qui reflète de manière on ne peut plus sincère les spécificités et l’identité civilisationnelle de la communauté musulmane. Toutefois, le discours ne peut revêtir son caractère islamique que s’il s’exprime au nom de la Oumma, défend ses intérêts, s’engage à soutenir ses causes et ses idées et repose sur les postulats de base suivants :
1. le discours islamique doit être sincère et intègre. Il doit servir l’intérêt humain en premier lieu et avec modération, équité et justice, conformément aux principes et aux valeurs de l’islam.
2. Le discours islamique doit être humaniste. Il doit s’adresser à l’ensemble des communautés humaines, accorder une importance primordiale à l’intérêt humain, viser à la cohabitation humaine et à la coopération entre les nations et les peuples pour le bien de tous et à l’établissement des principes de droit, de justice et de paix.
3. Le discours islamique doit être flexible, renouvelable, accompli et satisfaisant aux conditions objectives qui sous-tendent la communication avec les autres dans une langue qu’ils comprennent et suivant une logique valable qui s’adapte aux conditions de chaque milieu et de chaque catégorie humaine.
4. Le discours islamique doit être constructif et utile ; il doit viser à réformer, renouveler et développer sur le plan local ; il doit avoir pour objectif de braquer la lumière sur les vérités de l’islam et réagir aux contrevérités qu’on colporte sur son compte, et ce en optant pour la modération, le bon traitement et la flexibilité et en évitant toutes les formes d’extrémisme, de violence, de sclérose et d’animosité. Ce discours doit appeler à la justice sans impulsion ni précipitation et sans causer de tort aux interlocuteurs.
5. Le discours islamique doit être distingué. Il doit se démarquer par son style et son contenu (de par ses moyens et ses fins) et doit faire preuve d’originalité et se préserver de l’influence des courants à la mode et des grandes vagues de façon à sauvegarder sa visibilité, son indépendance et sa singularité.
6. Le discours islamique doit être ouvert et intégré à son environnement régional et international et capable d’assimiler les changements et de se mettre à jour.
Ces postulats de base confèrent au discours islamique une identité singulière faite de caractéristiques spécifiques que l’on peut résumer en une seule grande caractéristique : l’attachement aux constantes de la Oumma. Ces constantes, on ne peut les ignorer sous aucun prétexte dans la mesure où elles sont au dessus de toute autre considération. Et c’est sur ces constantes que repose la personnalité de l’individu musulman et de l’identité de la communauté musulmane.
Définir le sens des constantes de la Oumma suscite actuellement trop de controverses dans les forums culturels et les tribunes médiatiques. En conséquence, nous avons jugé pertinent d’examiner cette question de manière plus détaillée.
Les constantes de la Oumma sont les suivantes :
1. La profession de foi qui représente globalement la vision de l’islam, c’est-à-dire le rapport entre la Puissance divine et la dévotion, autrement dit entre Dieu et l’Homme, mais aussi la relation de celui-ci avec l’univers aussi bien visible qu’invisible. A ce niveau, l’islam apporte des vérités et informe sur des réalités que l’on doit croire en toute sérénité.
2. L’ensemble des pratiques religieuses prescrites par Dieu pour attester de Ses bienfaits et de Sa divinité. Citons au premier plan, les quatre rites qui font partie des piliers de l’islam : la prière, l’aumône légale, le jeûne et le pèlerinage à la Mecque.
3. Les hautes valeurs éthiques qui déterminent d’une part, la relation entre l’Homme et Dieu, comme le dévouement, l’aspiration à la miséricorde divine, la crainte du châtiment de Dieu ; d’autre part, les valeurs qui déterminent les relations humaines telles la sincérité, la confiance, la loyauté, la clémence.
4. Les commandements définitifs qui régissent la vie de l’individu, de la famille, de la société et sous-tendent le pouvoir et les relations internationales qui sont définies et organisées par des textes définitifs, qui ont fait l’unanimité de la Oumma et ont été consacrées à la fois par le fiqh et par l’usage.(10)
C’étaient là les constantes que le discours islamique ne doit ni ignorer, ni utiliser abusivement et encore moins dépasser. En revanche, il a une liberté de mouvement, de renouvellement et de développement dans le cadre de ces constantes. Car dès lors que le discours islamique sort de ses rails, il dévie vers un autre type de discours dont l’islam n’est aucunement comptable.
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